La technologie IA peut-elle améliorer le bien-être des étudiants ?

BIEN-ÊTREINTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Sylvain Boursier

3/8/20249 min read

Dans une époque où la quête du bien-être est devenue centrale, l’intelligence artificielle (IA) s’annonce comme une révolution prometteuse.

Historiquement, la psychologie a oscillé entre deux grandes visions du bien-être : l’hédonique, axée sur la recherche du bonheur et la satisfaction de vie, et l’eudémonique, qui valorise le développement du potentiel humain.

Aujourd’hui, l’IA entre en scène, armée du potentiel d’analyser des données complexes pour personnaliser et améliorer notre bien-être. Que ce soit par la détection de notre humeur à partir de nos interactions avec nos smartphones ou par l’aide à la réadaptation physique, l’IA ouvre des horizons nouveaux vers une meilleure santé mentale et physique.

Cet article explore les contributions de l’IA au bien-être, tout en naviguant entre les innovations technologiques et les considérations éthiques essentielles à leur intégration responsable dans nos vies.

Le bien-être est considéré comme un construct multifacette comprenant certains besoins de base qui doivent être satisfaits. Aujourd’hui, le bien-être est souvent abordé d’une perspective positive, soulignant le bien-être comme plus que la simple absence de maladie et se concentrant sur l’épanouissement ou le fonctionnement optimal des personnes.

Le concept du bien-être, central dans les recherches en psychologie et dans les préoccupations sociétales, se décline en deux grandes approches historiques qui continuent de façonner notre compréhension et nos interventions dans ce domaine.

Bien-être hédonique vs Bien-être eudémonique

La distinction fondamentale entre le bien-être hédonique et le bien-être eudémonique éclaire la complexité et la richesse de ce concept.

D’une part, le bien-être hédonique est associé à la recherche du bonheur, de la satisfaction dans la vie, et des expériences plaisantes. Cette dimension du bien-être se concentre sur l’affect et la satisfaction de vie, où la quête du plaisir et l’évitement de la douleur prédominent.

D’autre part, le bien-être eudémonique renvoie au développement du potentiel humain, englobant des dimensions de fonctionnement positif telles que l’autonomie, la croissance personnelle, l’intégration sociale et la contribution sociale. Cette perspective souligne l’importance de réaliser son potentiel pour atteindre un état de bien-être psychologique et social.

Un bien-être multifacette

Le bien-être est aujourd’hui perçu comme un construit multifacette, englobant à la fois la satisfaction des besoins fondamentaux et une vision positive de la vie.

Cette conception moderne va au-delà de la simple absence de maladie, mettant en avant l’épanouissement et le fonctionnement optimal des individus.

Le modèle du “Dual Continuum” en santé mentale et bien-être nous éclaire sur un concept fascinant : bien que liées, la maladie mentale et le bien-être mental représentent des réalités distinctes.

Selon ce modèle, une personne peut expérimenter des sentiments de bien-être mental malgré la présence d’un trouble psychique. Mieux encore, il est possible d’améliorer ce bien-être sans nécessairement éliminer la maladie mentale en elle-même.

Perspectives sur le bien-être

Le bien-être des étudiants à l’ère du numérique

Quand il s’agit du bien-être des étudiants, tout le monde semble avoir une idée différente de ce que cela signifie réellement (Douwes et al., 2023). Pour certains, le bien-être d’un étudiant se mesure à sa capacité à s’épanouir dans son environnement scolaire, à y trouver sa place et à y fonctionner efficacement.

Pour d’autres, cela touche à un état de bonheur durable, de résilience face aux défis, et à un sentiment profond de satisfaction personnelle, sociale et académique. Et puis, il y a ceux qui voient le bien-être à l’école comme l’expérience de ressentir plus d’émotions positives que négatives, un équilibre délicat entre les bons et les mauvais jours.

Ces diverses définitions partagent des points communs, notamment l’importance accordée à l’équilibre émotionnel, psychologique, social et personnel de l’étudiant, le tout saupoudré d’une perspective positive sur la santé mentale. En se concentrant spécifiquement sur l’environnement scolaire, ces définitions proposent une vision du bien-être qui est plus ciblée que celle généralement appliquée au bien-être global.

Cependant, cette diversité de points de vue soulève un défi de taille : comment évaluer le bien-être des étudiants et concevoir des programmes pour l’améliorer si tout le monde n’est pas d’accord sur ce que cela signifie ? Sans une compréhension claire et partagée, il devient difficile d’identifier les rôles précis que les établissements d’enseignement supérieur doivent jouer dans la promotion de ce bien-être.

Les étudiants, en proie au mal-être ?

Depuis la pandémie de COVID-19, les études se multiplient pour évaluer le bien-être des étudiants, et les conclusions sont parfois alarmantes. Selon un rapport de la LMDE de 2022 relayé par France Info, basé sur un sondage réalisé auprès de plus de 3000 étudiants, près de 70% d’entre eux se déclarent en situation de mal-être :

  • Pour 68% des étudiants, des symptômes dépressifs sont présents.

  • 36% avouent même avoir eu des pensées suicidaires.

  • Pour 46% des répondants, la dépression est l’une des principales craintes de maladies, contre 22% dans l’ensemble de la population.

Ces chiffres sont le reflet d’une réalité complexe, exacerbée par plusieurs facteurs :

  • 45% des étudiants estiment être en difficulté financière.

  • 68% affirment que la pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif sur leur vie étudiante.

Face à cette situation, il devient impératif de trouver des solutions qui non seulement reconnaissent ces défis, mais qui offrent également des moyens tangibles d’améliorer le bien-être et la santé mentale des étudiants.

Le rôle de l’IA dans l’amélioration du bien-être

L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine du bien-être ouvre des perspectives prometteuses pour comprendre, monitorer et améliorer la qualité de vie des individus.

Trois exemples d’application de l’IA, tirés des travaux de Kyritsis (2019), illustrent son potentiel transformateur pour le bien-être humain.

Détection de l’humeur et du stress

L’un des apports les plus significatifs de l’IA au bien-être concerne la capacité à détecter l’état psychologique des individus en analysant les données non invasives et les habitudes d’utilisation des smartphones. Cette approche permet d’estimer l’humeur et le niveau de stress des utilisateurs sans interférer avec leur quotidien.

Grâce à l’analyse de modèles d’interaction avec le smartphone, il est possible d’identifier des indicateurs de stress ou de changements d’humeur, offrant ainsi une opportunité pour des interventions préventives ou de soutien adaptées.

Détection des comportements anormaux

L’intelligence artificielle (IA) joue un rôle essentiel dans l’identification des changements inhabituels ou des déviances dans les comportements des utilisateurs, en analysant les données produites par leurs activités et l’utilisation des applications mobiles.

Cette analyse s’appuie sur des méthodes de détection d’anomalies, qui permettent de découvrir automatiquement des patterns ou des comportements qui s’écartent de la norme sans avoir besoin de directives préalablement définies.

Ainsi, si l’IA détecte des variations significatives dans la manière dont une personne utilise son téléphone — par exemple, une utilisation excessive d’applications à des heures inhabituelles — cela pourrait indiquer des situations de stress, d’anxiété, ou d’autres problématiques de bien-être.

L’identification précoce de tels comportements offre une possibilité d’intervention ciblée, avec des mesures de soutien ou des recommandations personnalisées, favorisant ainsi la prévention et une meilleure gestion du bien-être individuel.

Reconnaissance d’activité optimisée

L’IA contribue également à l’amélioration du bien-être à travers le développement de systèmes de reconnaissance d’activités, en utilisant notamment des capteurs inertiels.

L’application de ces systèmes est particulièrement pertinente dans le domaine de la réadaptation postopératoire. Par exemple, un système de reconnaissance de la démarche a été développé pour les patients ayant subi une chirurgie orthopédique de la partie inférieure du corps.

Ce système permet aux physiothérapeutes de surveiller l’évolution de la démarche du patient non seulement pendant les séances de réadaptation mais aussi dans la vie quotidienne, facilitant ainsi un suivi plus précis et personnalisé de la récupération.

Ces applications de l’IA dans le domaine du bien-être ne sont que quelques exemples de la manière dont la technologie peut enrichir notre compréhension et notre gestion du bien-être.

Considérations éthiques et le standard IEEE 7010

Dans nos discussions sur l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur nos vies, un élément mérite notre attention : le standard IEEE 7010–2020. Sans entrer dans les détails ici, sachez que ce standard établit des lignes directrices pour évaluer comment les technologies autonomes et intelligentes affectent notre bien-être.

C’est un sujet tellement riche et essentiel que j’ai décidé de lui consacrer un article entier prochainement. Restez à l’écoute !

Comment mimyr compte améliorer le bien-être ?

Au travers des points abordés précédemment mimyr souhaite se positionner dans le marché de l’éducation assisté par IA en tant que plateforme visant a optimiser l’apprentissage de l’étudiant tout en favorisant son bien-être.

Soutien personnalisé : l’IA peut fournir un soutien éducatif personnalisé en adaptant les ressources et le matériel pédagogique aux besoins individuels des étudiants. Cela peut aider à réduire le stress et l’anxiété liés à l’apprentissage, en s’assurant que les étudiants ne se sentent ni dépassés ni sous-stimulés par le matériel d’apprentissage.

Réduction de l’isolement & assistance 24/7 : utilisation d’un chatbot AI pour réduire le sentiment d’isolement des étudiants, en fournissant une présence constante et interactive. Parallèlement, l’IA offre une assistance continue, disponible 24/24, pour répondre aux questions des étudiants.

Ce soutien immédiat peut significativement alléger l’anxiété liée à l’incertitude académique, en assurant aux étudiants qu’ils ont un soutien fiable à tout moment.

Il est important de noter que mimyr ne vise pas à remplacer un professionnel de santé. Tandis que notre plateforme peut fournir un support et des conseils généraux pour le bien-être et l’apprentissage, les étudiants nécessitant une aide professionnelle doivent toujours consulter un spécialiste qualifié.

Développement de compétences émotionnelles : utilisation de l’IA pour enseigner et développer des compétences de régulation émotionnelle chez les étudiants, améliorant ainsi leur résilience face au stress et aux défis académiques.

Mise en place d’une plateforme de contenu axé bien-être : la mise en place d’une bibliothèque de contenu bien-être proposant du contenu adapté à l’état d’esprit de l’utilisateur.

Conclusion

Il est clair que l’utilisation de l’intelligence artificielle, à travers des innovations telles que les compagnons virtuels, présente un potentiel considérable pour atténuer la solitude chez les jeunes adultes.

L’IA ne doit pas chercher à remplacer le contact humain mais plutôt à le complémenter, offrant une option plus accessible à un plus grand nombre de personnes. Cette complémentarité peut faciliter une collaboration entre professionnels et IA, résultant en un service fiable et digne de confiance. Pour y parvenir, il est essentiel d’assurer une collecte et une utilisation transparentes des données et d’éduquer les utilisateurs sur les capacités et les limites de l’IA. En imitant les qualités humaines telles que l’aléatoire et l’empathie, l’IA peut offrir une expérience plus proche de l’humain, facilitant l’interaction et réduisant la sensation d’étrangeté.

Références

Rynke Douwes, Janneke Metselaar, Gerdina Hendrika Maria Pijnenborg & Nynke Boonstra (2023) Well-being of students in higher education: The importance of a student perspective, Cogent Education, 10:1, 2190697, DOI: 10.1080/2331186X.2023.2190697

KYRITSIS, Athanasios. Enhancing wellbeing using artificial intelligence techniques. 2019. doi:10.13097/archive-ouverte/unige:130751

Schiff, D., Ayesh, A., Musikanski, L., & Havens, J. C. (2020). IEEE 7010 : A New Standard for Assessing the Well-being Implications of Artificial Intelligence. IEEE. https://doi.org/10.1109/smc42975.2020.9283454